Algérie : la « révolution du sourire pacifique » persiste et signe
ANALYSE. Après des mois d’interruption du fait de la crise sanitaire, les Algériens ont recommencé à descendre dans la rue pour contester un régime aux abois.
« Reste-t-il quoi que ce soit du hirak ? » feignait de s’interroger le président algérien Abdelmadjid Tebboune lors d’une entrevue avec le New York Times en octobre 2020. Il est vrai que, à ce moment-là, les Algériens, qui avaient battu le pavé 56 semaines durant à partir du 16 février 2019, ne sortaient plus dans la rue depuis plusieurs mois du fait de la crise sanitaire. Mais en février dernier, les marches pacifiques massives ont repris avec une nouvelle vigueur, démentant de manière cinglante ce pronostic d’extinction.
La primauté du politique sur le militaire, l’indépendance de la justice, la liberté de la presse, la démocratie, le démantèlement réel du « système » et le départ de ceux qui l’incarnent : les mêmes exigences sont scandées les mardis et vendredis depuis le 16 février 2021, indiquant la volonté d’une large partie de la population d’en finir avec un régime qu’elle juge à bout de souffle.
Un mouvement que la pandémie n’a pas arrêté
L’élection du président Tebboune en décembre 2019 n’avait pas eu d’effet sur le hirak : moins de 10 % de la population a participé au vote qui l’a élu, selon l’opposition, alors que le chef de l’État, lui, affirme que le taux de participation a été de 40 %. Le référendum constitutionnel organisé pendant la pandémie et présenté comme une solution a également pâti d’un taux de participation historiquement bas, signe du poids du hirak qui avait appelé les citoyens à ne pas se rendre aux urnes.