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Analyse psychologique du Cas de Matar Diagne (UGB) par Ameth Thioye Lo
Analyse psychologique du Cas de Matar Diagne (UGB) et Plaidoyer pour l’Insertion de Psychologues dans les Universités
Le cas de Matar Diagne met en lumière une détresse psychologique extrême résultant d’un cumul de souffrances physiques, sociales et émotionnelles. À travers son témoignage, il exprime un profond mal-être, illustrant plusieurs problématiques psychologiques qui auraient pu être prises en charge avec un accompagnement approprié.
-Analyse clinique de la détresse psychologique de Matar Diagne
Isolement social et Rejet
Matar évoque dès le début de sa lettre une difficulté à s’intégrer socialement. Il souffrait d’un rejet de la part de son entourage universitaire, aggravé par des moqueries et des jugements. Cet isolement social est un facteur de risque majeur dans les troubles dépressifs et suicidaires, car il prive la personne de soutien et renforce le sentiment de solitude.
Maladie et altération de l’identité
Sa maladie chronique a eu un impact psychologique important, modifiant son rapport aux autres et à lui-même. Il semble avoir intériorisé l’idée que sa condition le rendait “différent” et “incompris”, nourrissant une détresse existentielle. Il parle aussi de son incapacité à aider sa mère, ce qui accentue son sentiment d’inutilité et de culpabilité.
Traumatisme et perte de confiance
Matar mentionne avoir confié sa souffrance à quelqu’un, mais que ses confessions ont été exposées. Cette trahison a renforcé son isolement et sa méfiance envers les autres. Lorsqu’une personne en détresse voit ses paroles utilisées contre elle, elle se referme davantage, ce qui empêche une prise en charge précoce de sa souffrance.
Dépression et idées suicidaires
Sa lettre est imprégnée de signes caractéristiques d’une dépression sévère :
• Tristesse profonde (“Il y a une tempête dans mon cœur.”)
• Sentiment de désespoir et de fardeau (“Je refuse d’être une charge supplémentaire.”)
• Diminution de l’estime de soi (“Ces bobards ont fait de moi une autre personne.”)
• Rationalisation du suicide (“Il m’est préférable de mourir dans l’honneur que de vivre dans le déshonneur.”)
Son discours montre qu’il a atteint un point où il ne voit plus d’issue autre que le suicide, ce qui est typique d’un état de désespoir extrême non accompagné psychologiquement.
-L’Urgence d’intégrer des psychologues dans les Universités sénégalaises
Le cas de Matar Diagne est un signal d’alarme sur l’absence de structures de prise en charge psychologique adaptées aux étudiants en détresse. L’université, en tant que lieu de formation et d’épanouissement, doit être aussi un espace de soutien.
Pourquoi l’État doit agir ?
-Prévention du suicide étudiant : Les universités sénégalaises doivent mettre en place des cellules de soutien psychologique accessibles à tous.
-Lutte contre l’isolement et le harcèlement : Sensibiliser les étudiants sur l’importance de l’entraide et des conséquences des moqueries.
-Soutien aux étudiants atteints de maladies chroniques : Proposer un accompagnement psychologique pour ceux qui vivent avec des maladies impactant leur quotidien.
-Normalisation de la santé mentale : Éduquer la communauté universitaire sur l’importance du bien-être mental et de la consultation psychologique.
-Accompagnement des étudiants en détresse : Un psychologue formé aurait pu identifier les signes avant-coureurs et intervenir auprès de Matar avant qu’il ne passe à l’acte.
Ne pas étouffer la détresse étudiante par le silence
Matar Diagne aurait pu être aidé. Son cas démontre l’urgence d’une prise de conscience collective sur la santé mentale des étudiants. L’État sénégalais doit reconnaître que la détresse psychologique existe au sein des universités et qu’un dispositif de soutien est une nécessité. Il ne suffit pas de réagir après des drames, mais de mettre en place des solutions en amont pour prévenir de telles tragédies.
L’intégration de psychologues dans les universités n’est ni un luxe ni une option, mais un impératif. Les étudiants doivent avoir un espace où ils peuvent être écoutés, compris et accompagnés. L’histoire de Matar doit être un moteur de changement pour que plus jamais un étudiant ne se sente aussi seul face à sa souffrance.
AMETH THIOYE LÔ dit LÔPSY