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Contribution – Loi d’amnistie pour Karim & Khalifa (par Edouard Latouffe)
Monsieur le Président Macky Sall Lors de la visite de Jean Paul II au Sénégal en 1992 , l’un de vos prédécesseurs le Président Abdou Diouf disait je le cite, ” la démocratie comme la vie n’en finit de naître . Il faut chaque jour l’approfondir et la consolider , peut-être la réinventer. ” Le Dimanche 31 juillet, notre pays avait un rendez-vous décisif et important avec l’histoire et avec sa démocratie. Ce fut un test majeur de consolidation et d’approfondissement de notre démocratie. Les intellectuels Albert Bourgi et Christian Casteran n’ont pas eu tort de qualifier notre pays de laboratoire de la démocratie africaine dans leur célèbre ouvrage PRINTEMPS DE L’AFRIQUE.
Ces dernières législatives considérées par bon nombre d’observateurs avertis de la scène politique nationale et internationale comme celles de tous les dangers, ont été des moments intenses de respiration à pleins poumons de notre démocratie. Le peuple sénégalais vient encore une fois d’administrer la preuve irréfutable de sa maturité et de son élevé des responsabilités. Notre pays qui a connu sans effusion de sang deux alternances démocratiques ne pouvait en aucune manière rater important et capital de son évolution .
Monsieur le Président , Les sénégalais viennent d’accorder une majorité parlementaire à notre coalition. Le contexte politique durant lequel ces législatives sont intervenues ne nous était point favorable. Votre bilan élogieux à la tête de l’état aurait peut-être suffi afin que nous sécurisions, par une victoire éclatante et sans appel votre majorité sociologique et politique. Mais une élection, disait le Président François Mitterrand, ne se gagne pas uniquement sur la base d’un bilan économique.Tout le monde sait que la question de votre troisième candidature agitait malicieusement par l’opposition nous a mis , nous qui assumons notre appartenance pleine et entière à votre camp , dans une situation inconfortable. Vous nous aviez demandé de renoncer à toute polémique sur ce débat. Certains cadres de notre parti ont tout bonnement passé outre vos instructions. Le peuple sénégalais, qui ne disposez pas d’assez d’éléments de lecture et d’appréciations a fait de ces législatives un référendum pour ou contre un troisième mandat. Votre silence assourdissant sur cette question a amené le peuple à nous sanctionner .
L’opposition a battu campagne autour de cette question. Le débat sur la dévolution monarchique et sur la troisième candidature du Président Abdoulaye Wade a mis un terme définitif à son régime. Monsieur le Président, Vous avez fait constamment montre de lucidité et de sens élevé des responsabilités face à des situations politiques exceptionnelles. En ces instants exceptionnels, vous avez l’impérieux devoir de vous adresser à votre peuple. Il ne fait l’ombre d’une parcelle de doute que ce peuple vous fait entière confiance. Le citoyen sénégalais que je suis, membre de votre parti, vous invite solennellement à calmer le jeu politique. Des défis multiformes et multidimensionnels nous interpellent. Je sais que vous en avez pleine conscience. Votre leadership est incontestable. Vous restez toujours maître du jeu politique. Vous disposez de toutes vos cartes en main . Votre père spirituel, le Président Abdoulaye Wade s’est personnellement déplacé jusqu’à la Présidence pour renforcer et consolider l’acte fort que vous avez posé antérieurement devant le Khalife général des mourides .
Votre décision aujourd’hui actée de faire porter le nom de votre prédécesseur au nouveau stade du Sénégal s’inscrit dans cette logique de consolidation et de pérennisation de ces retrouvailles saluéees par tous les sénégalais épris de paix . Vous êtes un homme d’État, Monsieur le Président. Je sais parfaitement que vous saurez faire bonne lecture de cette situation et prendre les décisions qui s’imposent. Vous avez la possibilité Monsieur le Président, la générosité devrais-je dire , de faire voter par le conseil des ministres d’une loi d’amnistie pour le Ministre d’état Karim Wade et pour le Maire Khalifa Sall.
Vous avez aussi les moyens politiques de pacifier l’espace de compétition électorale pour une période de dix huit mois . Un gouvernement d’ouverture, de rassemblement et de réconciliation est de l’ordre du possible. Antonio Gramsci parlant du rôle de l’homme dans le mouvement social disait, je le cite, ” le grand art de la politique est de toujours joué sur le bon tableau et de ne jamais se tromper sur le vainqueur de demain. ” Le monde nous regarde, Monsieur le Président. La balle est dans votre camp . Le peuple vous fait entière confiance.
Edouard Latouffe, responsable Apr Thiès Ouest, cadre à la Lonase.