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« Dr Alex est un homme très simple, très cultivé, pacifique. Il portait toujours sa croix ansée (Ankh) et nous rappelait sans relâche les victimes du régime, disparues parfois dans des conditions abominables », témoigne un de ses compagnons de lutte passé lui aussi par les geôles du pouvoir. « Alexandre Dzabana cumule 50 ans de lutte dans la société civile. C’est quelqu’un qui n’a pas sa langue dans sa poche. Il avait commencé par s’opposer aux dérives autoritaires du marxime-léninisme dans les années 70. Plus récemment on dénonçait ensemble la pauvreté de la population et l’enrichissement illicite du clan au pouvoir et de certains dirigeants politiques. Malgré son âge et sa santé fragile, puisqu’il souffre d’hypertension, il était très engagé », abonde Joe Washington Ebina, président de la fondation humanitaire Ebina et membre de la Plateforme de la société civile. « Son arrestation a lieu un mois après celle du journaliste Raymond Malonga [directeur de publication de l’hebdomadaire satirique Sel-Piment, incarcéré le 2 février à la maison d’arrêt de Brazzaville, NDLR]. Il avait été enlevé lui aussi. Ce sont des pratiques qui ne donnent pas d’espoir sur la gestion du pouvoir à venir. » Et de louer, visiblement admiratif, la mobilisation populaire qui a pesé dans la libération sous contrôle judiciaire du député sénégalais Ousmane Sonko, ce 8 mars : « Le Congo est un pays particulier, où sévit la répression militaire, l’intimidation quotidienne. Aucune manifestation n’est autorisée. Ici, on a connu des guerres civiles, mais on ne voit pas le peuple se lever pour dire non. » Anciens candidats à la présidentielle toujours sous les verrous La société civile réclame notamment la libération de deux célèbres prisonniers politiques : Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa. Le premier, un diplômé de Saint-Cyr promu général, fut notamment chef d’état-major des armées congolaises entre 1987 et 1993, conseiller du président Sassou Nguesso sur les questions de sécurité et chef de mission pour la Centrafrique et l’Afrique centrale au sein de l’Union africaine. Candidat à la présidentielle de 2016, il avait créé un certain engouement durant la campagne électorale. Rebaptisé J4M, pour Jean-Marie Michel Mokoko « Moïse », qualifié de « tombeur », de « général du peuple » par la presse, il avait refusé ? et refuse toujours – de reconnaître la victoire de Denis Sassou Nguesso en 2016. Arrêté en juin 2016 puis condamné à 20 ans de prison le 11 mai 2018 pour « atteinte à la sûreté de l’État » et « détention illégale d’armes et munitions de guerre », il est actuellement à l’hôpital militaire de Brazzaville, selon son avocat Me Ibouanga. Sa santé s’était détériorée l’été dernier. Au terme de longues négociations qui avaient notamment convoqué, pour plaider la cause de Mokoko, les présidents de la RD Congo Felix Tshisekedi et de l’Angola Joao Lourenço, il avait été évacué à le 30 juillet 2020 à Ankara, pour y être soigné durant plus d’un mois. « Je l’ai rencontré la semaine dernière, il se porte bien. Il est enfermé 24/24, privé de la lumière du jour et a toujours besoin de soins pour retrouver sa forme musculaire. Il ne peut pas se mouvoir et n’a pas droit aux visites de parents et d’amis, ce qui est une torture psychologique. Mais il a un moral d’acier », résume son conseil.

 

Béret noir, costume blanc, sourire cerclé d’une barbe et d’une moustache grises? Le visage d’Alexandre Ibacka Dzabana, militant congolais des droits de l’homme, est devenu la photo de profil de nombreux comptes WhatsApp et Facebook au fil de la journée de ce jeudi 11 mars. Une image barrée de la mention « alerte enlèvement ». Au matin du 7e jour de la campagne électorale pour la présidentielle du 21 mars, ce docteur en pharmacie de 77 ans a été enlevé devant son domicile d’OCH Moungali III, un quartier résidentiel de Brazzaville. Une situation que l’Observatoire congolais des droits de l’homme et l’organisation Agir ensemble pour les droits humains ont qualifiée d’ « extrêmement préoccupante » dans un communiqué.

Son avocat Me Yvon Éric Ibouanga a pu le localiser, mais il ignore les motifs de son arrestation. « Je n’ai pas encore eu accès au dossier, ni pu échanger avec lui. Il est à la Centrale d’intelligence et de documentation, l’ex-Direction générale de la surveillance du territoire. D’après les explications de ses parents, son arrestation a été atypique, puisqu’elle s’est produite à son domicile sans qu’on lui ait adressé de convocation à se présenter ou de mandat d’amener. J’ai écrit à l’administrateur général de la Centrale, en demandant que ses droits, à commencer par la présomption d’innocence, soient respectés, et à pouvoir le rencontrer. Nous espérons qu’ils vont tenir compte de son état de santé ? il souffre d’hypertension ?, de son âge et des risques de contamination liés à l’épidémie de Covid-19 », dit-il.

Un militant qui « n’a pas sa langue dans la poche »

Cette arrestation intervient peu après que des organisations de la société civile et des opposants boycottant le scrutin présidentiel avaient initié un « méga-meeting » sur le boulevard Alfred-Raoul, large avenue bordée notamment par le ministère des Affaires étrangères, la Cour constitutionnelle ou l’hôtel de préfecture. Réclamant un dialogue national inclusif et la libération des prisonniers politiques, cette manifestation prévue le samedi 6 mars avait finalement été interdite par les autorités. Alexandre Ibacka Dzabana faisait partie des organisateurs. Il est « l’un des coordonnateurs de la Plateforme congolaise des ONG des droits humains et de la démocratie, président du mouvement M22 [Mouvement du 22 février 1972, NDLR], membre de la coalition Tournons la Page Congo [?] et partenaire de la campagne « Pour les droits humains au Congo ! », dont l’objectif est de prévenir des atteintes aux droits humains pendant le processus électoral en cours », détaille le communiqué des ONG.

« Dr Alex est un homme très simple, très cultivé, pacifique. Il portait toujours sa croix ansée (Ankh) et nous rappelait sans relâche les victimes du régime, disparues parfois dans des conditions abominables », témoigne un de ses compagnons de lutte passé lui aussi par les geôles du pouvoir. « Alexandre Dzabana cumule 50 ans de lutte dans la société civile. C’est quelqu’un qui n’a pas sa langue dans sa poche. Il avait commencé par s’opposer aux dérives autoritaires du marxime-léninisme dans les années 70. Plus récemment on dénonçait ensemble la pauvreté de la population et l’enrichissement illicite du clan au pouvoir et de certains dirigeants politiques. Malgré son âge et sa santé fragile, puisqu’il souffre d’hypertension, il était très engagé », abonde Joe Washington Ebina, président de la fondation humanitaire Ebina et membre de la Plateforme de la société civile.

« Son arrestation a lieu un mois après celle du journaliste Raymond Malonga [directeur de publication de l’hebdomadaire satirique Sel-Piment, incarcéré le 2 février à la maison d’arrêt de Brazzaville, NDLR]. Il avait été enlevé lui aussi. Ce sont des pratiques qui ne donnent pas d’espoir sur la gestion du pouvoir à venir. » Et de louer, visiblement admiratif, la mobilisation populaire qui a pesé dans la libération sous contrôle judiciaire du député sénégalais Ousmane Sonko, ce 8 mars : « Le Congo est un pays particulier, où sévit la répression militaire, l’intimidation quotidienne. Aucune manifestation n’est autorisée. Ici, on a connu des guerres civiles, mais on ne voit pas le peuple se lever pour dire non. »

Anciens candidats à la présidentielle toujours sous les verrous

La société civile réclame notamment la libération de deux célèbres prisonniers politiques : Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa. Le premier, un diplômé de Saint-Cyr promu général, fut notamment chef d’état-major des armées congolaises entre 1987 et 1993, conseiller du président Sassou Nguesso sur les questions de sécurité et chef de mission pour la Centrafrique et l’Afrique centrale au sein de l’Union africaine. Candidat à la présidentielle de 2016, il avait créé un certain engouement durant la campagne électorale. Rebaptisé J4M, pour Jean-Marie Michel Mokoko « Moïse », qualifié de « tombeur », de « général du peuple » par la presse, il avait refusé ? et refuse toujours – de reconnaître la victoire de Denis Sassou Nguesso en 2016. Arrêté en juin 2016 puis condamné à 20 ans de prison le 11 mai 2018 pour « atteinte à la sûreté de l’État » et « détention illégale d’armes et munitions de guerre », il est actuellement à l’hôpital militaire de Brazzaville, selon son avocat Me Ibouanga.

Sa santé s’était détériorée l’été dernier. Au terme de longues négociations qui avaient notamment convoqué, pour plaider la cause de Mokoko, les présidents de la RD Congo Felix Tshisekedi et de l’Angola Joao Lourenço, il avait été évacué à le 30 juillet 2020 à Ankara, pour y être soigné durant plus d’un mois. « Je l’ai rencontré la semaine dernière, il se porte bien. Il est enfermé 24/24, privé de la lumière du jour et a toujours besoin de soins pour retrouver sa forme musculaire. Il ne peut pas se mouvoir et n’a pas droit aux visites de parents et d’amis, ce qui est une torture psychologique. Mais il a un moral d’acier », résume son conseil.

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