Focus – Qui était Ismaïl Haniyeh, le leader du Hamas tué à Téhéran ?
Ismaïl Haniyeh, personnalité palestinienne de premier plan et chef du bureau politique du Hamas, a été tué lors d’une frappe aérienne contre sa résidence à Téhéran ce mercredi.
Le dirigeant de 62 ans, considéré comme un visage de premier plan du Hamas depuis des décennies, dirigeait le bureau politique depuis son exil au Qatar ces dernières années.
Quand a-t-il commencé sa carrière politique et quel rôle a-t-il joué au sein de l’establishment du Hamas ?
Il grandit à Gaza, puis fréquente les prisons israéliennes
Ismail Haniyeh est né le 29 janvier 1963 dans le camp de réfugiés al-Shati, dans la bande de Gaza. Il commence sa carrière politique en se rapprochant étroitement du fondateur du Hamas, Sheikh Ahmed Yassine, et rejoint le groupe paramilitaire lors de la première Intifada (guerre des pierres, 1987 à 1993) à la fin des années 1980.
Emprisonné à plusieurs reprises pour avoir participé à cette Intifada en Israël avant de quitter Gaza, il devient un dirigeant important du Hamas au cours de ses années d’activité.
Ismaïl Haniyeh, surnommé “Abu al-Abd”, monte en grade en 2004 après que le Sheikh Ahmed Yassine et Abdel Aziz Rantisi, les deux précédents dirigeants du Hamas, ont été éliminés par Israël en mars et avril de cette année.
Il devient Premier ministre de l’Autorité palestinienne pour la première fois en 2006, à la suite de la victoire surprise du Hamas aux élections législatives palestiniennes, et attire l’attention de la communauté internationale.
En 2012, il affirme que “le Hamas ne reconnaîtra jamais Israël” et que “la lutte des Palestiniens continuera jusqu’à la libération de la Palestine et de Jérusalem, et le retour de tous les réfugiés palestiniens chez eux“.
En mai 2017, il succède à Khaled Mechaal à la tête du bureau politique du Hamas et se retrouve sur la liste des terroristes recherchés par les États-unis. L’administration de Donald Trump déclare à l’époque que cette mesure vise à lui couper l’accès aux ressources financières internationales.
À la suite de l’attaque du 7 octobre par des combattants du Hamas sur le territoire israélien, qui a fait au moins 1 200 morts et 200 prises d’otages, ainsi que de la guerre dans la bande de Gaza, qui aurait tué plus de 39 000 Palestiniens à ce jour, le rôle d’Ismaïl Haniyeh en tant que négociateur du Hamas a été souvent décrié.
Les autorités israéliennes l’avaient tenu pour responsable à plusieurs reprises de l’échec des pourparlers de paix et de la libération des otages.
Bien qu’il ait occupé un poste de direction, Ismaïl Haniyeh avait fait l’objet de critiques internes au sein du Hamas à plusieurs reprises.
Des désaccords existaient notamment entre lui et Yahya Sinwar, le chef militaire du Hamas à Gaza, au sujet de l’approche des négociations de cessez-le-feu et des stratégies militaires.
Le leadership d’Ismaïl Haniyeh a été parfois contesté par certains membres du Hamas, qui ont critiqué l’absence de lien entre ses actions et les réalités du terrain dans le cadre de la récente guerre avec Israël.
En avril, la police israélienne avait arrêté l’une de ses sœurs, soupçonnée d’entretenir des liens avec des membres du mouvement. Peu de temps après, trois de ses fils et quatre petits-enfants avaient péri lors de frappes aériennes israéliennes.
Ismaïl Haniyeh, qui vivait à Doha au Qatar dans les dernières années de sa vie, était en déplacement en Iran pour assister à l’investiture de Massoud Pezeshkian, le nouveau président iranien. Cette photo est une des dernières du leader du Hamas encore vivant.
Les observateurs affirment que sa mort porte un coup dur à la fois au Hamas et à l’Iran, à un moment où les tensions s’intensifient au Moyen-Orient. Cette disparition soulève aussi des questions quant à l’avenir des négociations entre Israël et le Hamas pour le règlement du conflit et la libération des otages israéliens encore détenus à Gaza.