L’Australie remontée par le « black-out » de Facebook
les Australiens peuvent continuer à partager de fausses informations sur leur fil d’actualité Facebook. Pour les vraies, c’est devenu plus compliqué. Jeudi 18 février, le réseau social a bloqué, jusqu’à nouvel ordre, l’accès aux pages des médias locaux et internationaux ainsi que tout partage de leurs articles en ligne sur l’île-continent. La firme de Mark Zuckerberg a ainsi mis ses menaces à exécution, à quelques jours de l’adoption par le Parlement australien d’une législation visant à contraindre les plates-formes numériques à rémunérer les éditeurs pour la reprise de leurs contenus.
« Nous faisons face à un choix désagréable : essayer de nous conformer à une loi qui ignore les réalités de [nos] relations, ou bien cesser d’autoriser les contenus informatifs sur nos services en Australie », a expliqué le groupe, qui a choisi la seconde option, dans un communiqué publié mercredi soir. En se levant, les Australiens, consternés, ont vu défiler sur leurs écrans un flot de pages « non disponibles ».
Car la multinationale américaine a visé large, « étant donné que la loi ne fournit pas de directives claires sur la définition de contenu d’information », s’est-elle justifiée. Parmi le nombre incalculable de pages ayant disparu : celle des pompiers de l’Etat de Nouvelle-Galles-du-Sud, celle de l’hôpital pour enfants de Melbourne, celles d’organisations de défense des droits de l’homme, de lutte contre les violences domestiques ou encore d’aide aux sans-abri.
Projet de loi
« Les actions de Facebook ayant consisté à mettre fin à son amitié avec l’Australie aujourd’hui, en coupant des services essentiels d’urgence et d’information en matière de santé, sont aussi arrogantes que décevantes », a dénoncé le premier ministre, Scott Morrison, avant d’annoncer son intention de mobiliser la communauté internationale. « Nous ne nous laisserons pas intimider. »
Face au tollé, l’entreprise californienne a commencé à restaurer les pages gouvernementales – qui auraient été désactivées par erreur – ainsi que celles de différentes organisations. Mais pas celles des groupes d’information, en difficulté financière tandis que les mastodontes californiens absorbent plus des deux tiers des dépenses publicitaires en ligne.
Le gouvernement australien, condamnant une « tactique de négociation », espère la reprise d’un « dialogue constructif »
Avec le « code de conduite contraignant », Canberra entend aider les médias à recevoir une rémunération « équitable » pour la reprise de leurs contenus en fixant un cadre afin de faciliter les négociations. Faute d’accord, un arbitre indépendant sera appelé à trancher. D’importantes pénalités financières sont également prévues. Dans un premier temps, seuls Google et Facebook devraient être concernés.
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