Maroc: l’historien Maâti Monjib sort de prison, en liberté provisoire
Les accusations contre moi sont fabriquées par la police politique (…) maintenant que je jouis de la liberté provisoire, je vais militer pour la libération des autres détenus” d’opinion, a déclaré, combattif, M. Monjib à sa sortie de prison.
Visiblement amaigri mais heureux, l’intellectuel de 60 ans a été accueilli par ses amis et soutiens quand il a quitté en marchant la prison d’El Arjat près de Rabat, où il avait été incarcéré après son arrestation fin décembre, a constaté l’AFP.
Ce militant, connu pour ses critiques ouvertes du pouvoir, dénonçait son arrestation “abusive” depuis son interpellation dans le cadre d’une enquête préliminaire pour “blanchiment de capitaux”.
Parallèlement, il a ensuite été condamné à un an de prison le 27 janvier pour “fraude” et “atteinte à la sécurité de l’Etat” au terme d’un procès ouvert en 2015 et plusieurs fois reporté. Ses avocats et son comité de soutien s’étaient indignés de ce jugement, rendu en l’absence de l’accusé et sans convocation de sa défense.
Face aux critiques, les autorités marocaines mettent toujours en avant l’indépendance de la justice et la conformité des procédures.
“Le juge d’instruction a décidé de le remettre en liberté provisoire”, avait annoncé plus tôt dans la journée l’avocat du militant, Me Mohamed Messaoudi, précisant que la santé de son client était “bonne même s’il a perdu 12 kilos”.
“Délit d’opinion”
Le secrétaire général de l’ONG Reporters sans frontières, Christophe Deloire, a salué cette libération en appelant “à l’abandon de toutes les poursuites iniques lancées contre des journalistes au Maroc“.
“Maâti Monjib est enfin libre ! Son courage et la mobilisation internationale ont payé. Victoire ! (Mais restons vigilants, car ce n’est pas fini)”, a de son côté tweeté Human Rights Watch.
“Nous continuons à revendiquer l’abandon du traitement répressif inique policier contre lui et contre l’ensemble des personnes poursuivies pour délit d’opinion dans le pays”, a déclaré à l’AFP le militant marocain Fouad Abdelmoumni, devant la prison d’El Arjat.