Sur les traces de l’Imam Alioune Ndao : un fils de Ndalane Malick, dans l’arrondissement Gandiaye
Arrêté en 2015 pour terrorisme puis libéré en 2018, l’Imam Alioune Ndao est décédé dans la nuit de lundi à mardi, à Dakar, à l’âge de 62 ans.
Imam Alioune Badara Ndao a perdu son combat contre la vie. En soin intensif depuis une semaine, il a malheureusement rendu l’âme, dans la nuit du lundi à mardi à l’hôpital Fann de Dakar où il était admis. Le religieux est mis au-devant de la scène médiatique en 2015. Derrière sa longue barbe blanche, le maître coranique est devenu, jusqu’en 2018, le visage d’un feuilleton judiciaire inédit au Sénégal, sur fonds de suspicion de création d’une base jihadiste et de liens avec les organisations terroristes Daesh et Boko Haram. En effet, c’est dans la nuit du 26 au 27 octobre 2015 que les éléments de la Section de recherches de la gendarmerie nationale ont fait irruption au domicile du Secrétaire général de la section de Kaolack de la Ligue des Imams et Oulémas du Sénégal pour procéder à son arrestation. Il a été suspecté d’appartenir à un réseau en lien avec Boko Haram qui projetait de mener des attentats au Sénégal. Il a été arrêté dans le cadre d’une vaste opération antiterroriste qui a débouché sur plusieurs interpellations de jihadistes supposés dans différentes villes du pays, fin octobre et début novembre 2016.
Lors de sa détention, il a fait les prisons de Saint-Louis, Rebeuss, Camp Pénal et Cap Manuel.
Mais, après plusieurs mois de procès (avril-juillet 2018), le religieux est finalement acquitté des crimes d’actes de terrorisme, financement du terrorisme en bande organisée, apologie du terrorisme, détention de minutions sans autorisation administrative et blanchiment de capitaux pour lesquels le parquet avait requis trente ans de prison. Et ces chefs d’accusations ont été requalifiés en détention d’armes de la troisième catégorie initialement reprochée au prédicateur de la mosquée de Ngane Alassane (Kaolack) en détention d’arme de la deuxième catégorie sans autorisation administrative. Imam Ndao avait été déclaré coupable de ce chef et condamné à une peine d’un mois assorti de sursis. Le juge avait également ordonné la confiscation de l’arme automatique.
Maladie
Depuis lors, Imam Ndao est libre. Mais, du fait de l’appel interjeté aussi bien par le ministère public que les 29 autres accusés condamnés, le religieux était encore à la disposition de la justice. Le juge et le Procureur général ont demandé sa comparution en tant que témoin « pour éclairer le tribunal ». Mais, ce procès en appel, d’abord prévu le 18 février, a été reporté au 30 mai, puis au 27 juin de la même année. Motif évoqué : l’absence d’un des avocats de la défense. Mais, depuis lors, rien n’a bougé.
Après que sa maladie s’est aggravée, les membres de l’Ong sont entretenus avec le frère cadet de Imam Ndao, Oustaz Abdoulaye Ndao. Suite à cela, « des bonnes volontés ont lancé une souscription nationale à travers la plateforme « Kopar Express » pour accompagner l’imam des bienveillantes contributions financières », lit-on sur la note de Mame Makhtar Guèye & Cie. L’objectif de la cagnotte était de rassembler 10 millions F Cfa. Mais, cette cagnotte a déjà récolté plus de 25 millions Fcfa en 24 h. Hélas, Imam Ndao va désormais reposer dans son fief, au cœur du Saloum.
Homme de « daara »
Né le 6 mai 1960 à Ndalane Malick, dans l’arrondissement Gandiaye, département de Kaolack, le fils de El hadji Ousmane Ndao, -un des plus proches disciples de El Hadji Malick Sy-, a très tôt fréquenté l’école coranique. A àgé de 6 ans à peine, son père l’envoie avec ses frères à Koki (Louga), chez Mouhamad Sakhir Lô, où il a pu mémoriser le Saint Coran en trois ans. De retour à Ndalane Malick, son père l’envoie à nouveau à Koki, mais cette fois-ci, ce sera pour enseigner les enfants débutants. Une manière de rendre la monnaie pendant deux ans.
Au bout de quelques années, Imam Ndao rentre à Ndalane avant de se rendre à Ndiaréme, au Daara de Serigne Mor Mbaye Cissé où il récrit intégralement deux versions du Saint Coran (Warse et Hafse). Il s’engage, à l’âge quatorze ans, à étudier les sciences islamiques à travers la zone du Saloum : Diamal, Santhie Diamal, Makka Gouye, Keur Bakary… C’est après qu’il est revenu à Ndalane pour intégrer ensuite l’Ecole Abdoulaye Niass à Kaolack. Depuis quelques années, le défunt a ouvert une école coranique à Ngane Alassane.