Pêche, Economie bleue, et Souveraineté alimentaire : Vers un plan d’action conjoint pour un quart des citoyens Africains
Ils représentent près de 350 millions d’habitants soit un quart de la population africaines, aux travers de 13 pays : le Comité des Pêches du Centre Ouest du golfe de Guinée (CPCO) et la Commission Sous Régionale des Pêches (CSRP) ont conclu un plan d’action conjoint historique qui vise à la souveraineté alimentaire, et au développement économique des états ouest Africains.
Le CPCO et la CSRP sont deux organisations sous régionales des pêches créées par voie de Convention respectivement en 2007 et en 1985, tous deux présidés par un conseil des ministres des états membres. Le CPCO regroupe le Benin, la Côte-Ivoire, le Ghana, le Liberia, le Nigeria et le Togo son siège est au Ghana, tandis que la CSRP représente le Cabo Verde, la Gambie, la Guinée, la Guinée Bissau, la Mauritanie, le Sénégal et le Sierra Leone, sont siège est quant à lui au Sénégal. Les objectifs de ces deux organisations visent à assurer une gestion durable des ressources halieutiques des Etats membres des deux organisations sous régionales, au regard des opportunités offertes par le secteur de la pêche et de l’aquaculture. Leurs spécificités leur permettent d’être au plus proches des états et des attentes de leur population aux regards de la pêche. Ecologiquement comme climatiquement, les parties Nord et Sud de l’Afrique de l’ouest sont deux écosystèmes distincts, ils font partie de ce que l’on appelle les grands écosystèmes de la planète, respectivement celui du courant des Canaries au nord et celui du golfe de Guinée au sud.
Sans ménager leurs efforts, et considérant leurs missions dans les domaines de la pêche et de l’aquaculture, et convaincues de l’intérêt mutuel de coopérer au profit de leurs Etats membres, la commission économique des états de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), le CPCO et la CSRP ont conclus un accord de Coopération et de Partenariat dans le cadre du renforcement de la coopération avec les organisations régionales de pêche signé en 2022 par le président de la Commission de la CEDEAO, le Secrétaire Général du CPCO et le Secrétaire Permanent de la CSRP. Après une année de réflexion et de concertation, les deux organisations sous régionales des pêches ont finalisé un plan de travail biennal historique pour la mise en œuvre de l’accord de coopération et de partenariat avec la cedeao.
La pêche joue un rôle fondamental dans l’économie, la vie sociale et la sécurité alimentaire des communautés des États membres du CPCO et de la CSRP. Elle contribue de manière significative au produits intérieur brut (PIB) de leurs États, sans tenir compte de son effet d’entrainement sur les autres secteurs de l’économie. En outre, la pêche génère nombre d’emplois directs et indirects, dans un contexte où les états membres connaissent des taux élevés de chômage. De plus, au cours de ces dernières années, une diminution drastique des ressources halieutiques a été observée qui menace la durabilité de la pêche. Devant l’ampleur grandissante des activités délictuelles de pêche et les impacts économiques, sociaux et environnementaux négatifs, un fort engagement politique des états membres du CPCO et de la CSRP est porté par les deux organisations sous-régionales afin d’améliorée la conservation et exploitation des ressources halieutiques.
Le plan de travail biennal (2023-2024) qui a été proposé, en ce mois de juillet, entre en cohérence avec le Cadre Stratégique Global pour le développement durable de la pêche et de l’aquaculture de la CEDEAO, mais aussi des plans stratégiques du CPCO ainsi que de celui de la CSRP. L’objectif global de ce plan de travail est de mettre en œuvre l’Accord de Coopération et de Partenariat signé entre la CEDEAO, le CPCO et la CSRP, afin de contribuer à la préservation, à la conservation, à l’exploitation durable des pêcheries et de promouvoir le développement durable de la pêche et de l’aquaculture en Afrique de l’Ouest. Ce plan de travail conjoint, élaboré par le CPCO et la CSRP, identifie les actions et les activités prioritaires définies par les deux organisations sous régionales, qui sera soumis à la CEDEAO au courant de cette année.
Pour en savoir plus
Les grandes lignes du plan d’actions porte sur la consolidation et l’extension des acquis de la coopération sous régionale dans la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non reportée (INN), la sécurité maritime, l’appui à la gestion concertée des stocks de poissons partagés entre différent états membres, le développement d’un système de production et de capitalisation des connaissances, le renforcement de la cohérence des politiques nationales et de l’harmonisation des législations des pêches, l’amélioration des conditions d’exercice de la pêche artisanale dans la sous-région, le renforcement des moyens d’existence durable des communautés de pêcheurs et promotion de développement de l’aquaculture, et enfin l’appui institutionnel pour le renforcement des capacités organisationnelles et humaines du CPCO et de la CSRP pour la Coordination du plan de travail.
Ceci passe par le renforcement des capacités des personnels et des systèmes de surveillance, ainsi que la promotion de la qualité de l’échange et du partage d’informations SCS, mais aussi la consolidation des opérations conjointes sous régionales de surveillance des pêches qui inclut aussi la pêche artisanale. Pour ce qui est de l’appui à la gestion concertée des stocks partagés, le plan vise à l’amélioration des systèmes de collecte de données sur les ressources et les pêcheries des petits pélagiques, ainsi que à la poursuite des études sur les sites critiques des petits pélagiques en allant progressivement vers la notion d’habitat essentiels pour les principales espèces exploitées par la pêche. Enfin, il est prévu d’opérationnalisation une plateforme d’échange de données et d’informations sur les petits pélagiques entre les états membres. Les deux organisations se feront forts d’appuyer la mise en œuvre des plans d’aménagement régional de stocks partagés, et d’appuyer le développement de la pêche artisanale quand cela est nécessaire. Un aspect essentiel, à la base
de toutes politique de gestion sera le renforcement des capacités nationales et régionales en matière de collecte et d’analyse des données sur les pêches. Les deux organisations ont aussi clairement identifié le besoin de renforcement de la cohérence des politiques nationales et de l’harmonisation des législations des pêches. Ainsi ils se proposent de promouvoir la cohérence dans les politiques nationales de pêche et leur intégration au niveau sous régional, mais aussi la transparence et de la mise en place de politiques coordonnées et harmonisées de réglementation de l’accès aux ressources halieutiques et d’allocation des droits de pêche aux pays tiers (ndlr : hors états membres). Le plan conjoint visera à l’amélioration du cadre juridique régional et des cadres juridiques nationaux pour combattre la pêche INN et garantir une gestion durable des pêches tout en renforçant les capacités des États membres au niveau de l’exécution des législations des pêches et des poursuites judiciaires
Une priorité commune des deux organisations est l’amélioration des conditions d’exercice de la pêche artisanale dans leur sous-région respective, pour ce faire il leur apparait nécessaire de renforcer les moyens d’existence des communautés de pêcheurs par des activités durables mais aussi de faire la promotion du développement de l’aquaculture. Ainsi le plan prévoit l’appui aux États membres pour le développement de politiques des pêches côtières socialement inclusives et appropriées et l’amélioration de la sécurité en mer des pêcheurs à travers la mise en place d’un système de géolocalisation des embarcations de pêche artisanale. Il apparait primordial de soutenir l’amélioration des chaines de valeurs des produits halieutiques à l’échelle sous régionale. De récent travaux ont souligné l’importance de l’intégration des migrations dans les politiques des pêches et promotion de l’approche genre dans la pêche. Ses deux points seront traités dans le plan d’action conjoint.
Enfin, les deux organisations souhaitent conjointement travailler à une réflexion sur les effets et les implications de la pollution marine et notamment de celle des hydrocarbures (pétrole et gaz) en mer.
Un des objectifs du développement durable de la décennie et de disposer d’institutions fortes. Le plan conjoint a prévu un appui institutionnel pour le renforcement des capacités organisationnelles et humaines du CPCO et de la CSRP pour la bonne coordination de leur activité, communes.
À propos du CPCO
Le Comité des Pêches pour le Centre Ouest du golfe de Guinée (CPCO) est une organisation sous-régionale créée en 2007 par voie de Convention. Son objectif est d’assurer une gestion durable des ressources halieutiques des États membres (Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Libéria, Nigéria et Togo) dans le golfe de Guinée
À propos de la CSRP
La Commission Sous Régionale des Pêches (CSRP) est une organisation sous-régionale créée en 1985 par voie de Convention. Son mandat est d’assurer une gestion durable des ressources halieutiques des États membres (Cap-Vert, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Mauritanie, Sénégal et Sierra Leone) dans le golfe de Guinée.