Société – L’exil, la seule et unique alternative pour Serigne Modou Gueye
L’exil, la seule et unique alternative pour Serigne Modou Gueye . Cette triste affaire, qui avait défrayé la chronique, remonte au mois de Janvier 2021 . Serigne Modou Gueye, professeur de son état, n’est pas seulement qu’éducateur. Son engagement pour les causes sociétales n’était un secret de polichinelle pour personne. Il a bonne presse au sein de l’opinion publique thiessois . C’est un homme d’une grande générosité.
Partager ce qu’il gagne à la sueur de son front avec ses amis, son entourage proche comme lointain, aider les couches sociales faibles, voilà le sens et la signification qu’il donne à son existence sur terre. Un véritable philanthrope, qui ne lésine pas sur les moyens pour faire des dons aux daraas lors des grandes fêtes religieuses et pendant les périodes où le froid impose sa loi. Partout où il passait, il était interpelé par des thiessois de tous âges et certains lui balançaient, ” l’ami des thiessois” . Il consacrait pratiquement toute une journée soit à l’hôpital, soit au poste de santé le plus proche pour assister des enfants de la rue malades, abandonnés et laissés à leur triste sort par des Serignes daraas qui leur imposaient obligatoirement un versement quotidien de mille francs CFA, comme si on était à l’époque de la traite négrière. Très émotif, et extrêmement sensible aux problèmes auxquels sont confrontés les enfants de la rue et les couches démunies, il lui arrivait de verser de chaudes larmes quand il voyait un talibé très affaibli par la faim parce que étant resté toute une journée sans mettre quelque chose sous la dent. Beaucoup de Thiessois le surnomment comme “la mère Théresa des talibés”. Il disait à qui voulait l’entendre qu’il était totalement exclu que ces Bouts de Bois de Dieu, qui n’avaient bénéficié de l’assistance de leurs proches parents, soient laissés à la merci de Serigne Dara irresponsables, sans vertu et à la morale douteuse, qui , à la place d’une bonne instruction et d’une éducation, passent leur temps à les frapper de façon atroce et sauvage, et cela, au nez et à la barbe des autorités.
Mais c’était sans compter avec Serigne Modou, qui, pour défendre la cause des talibés, n’était prêt à aucune concession, convaincu que sa mission relevait d’une recommandation divine. À chaque fois qu’un talibé subit des atrocités intolérables et inacceptables, il proteste, fait entendre sa modeste voix et condamne publiquement, énergiquement et fermement ces dérives aux antipodes d’une société civilisée. Une telle posture qui relève d’une option mûrement réfléchi, l’expose inéluctablement dans le viseur et l’angle de tir de ceux-là qui considèrent la maltraitance des enfants de la rue comme leur gagne-pain quotidien.
Tous les jours, à travers des messages dans les réseaux sociaux, certains Serignes daraas, qui voyaient leur image écorner et ternie par les positions publiques de Serigne Modou, promettaient de lui faire la fête. Mais le pire qu’on craignait arriva. La ligne Maginot, le seuil critique intolérable venait d’être franchi et dépassé par un marabout, qui ne l’est en vérité que de nom. Ses coups répétitifs, d’une agressive inqualifiable plongea un talibé dans le coma. Ce qui provoquera naturellement un tollé général. Sans porter de gangs, Serigne Modou Gueye tire à boulets rouges sur le Serigne Dara et dénonce cet acte inhumain. Cette sortie musclée n’est pas du goût des autres Serigne Modou qui craignent que leurs intérêts bassement alimentaires et pécuniaires ne soient hypothéqués par cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Cette agression, barbare et animalière, médiatisée en grande pompe a été la goutte d’eau qui a fait déverser le vase. Serigne Modou Gueye, nonobstant les fortes pressions et les menaces de toutes sortes, décida de passer à la vitesse supérieure en portant plainte à la gendarmerie nationale, faisant ainsi confiance à la justice de son pays , fortement convaincu que le droit dit dans cette affaire et qu’elle ne sera pas étouffée et mise aux oubliettes. Son intime conviction est qu’il fallait mettre un terme définitif à ces pratiques d’un autre âge et d’une autre époque, qui rament à contre-courant du rôle sociétal et de la fonction et de l’appellation de Serigne Dara . Plus jamais ça, clame-til haut et fort. De sévères sanctions doivent être infligées à ce Serigne Dara, inscrit à l’état civil sous le nom de Assane Fall, qui est du reste, selon des sources policières, coutumier des faits. Le calvaire comme alors pour Serigne Modou qui vient de s’en prendre à des “intouchables” qui le taxent appartenir à des organisations louches de défense de droit de l’homme qui combattent les intérêts de l’islam. Serigne Modou est devenu sublime la cible malheureuse de certains cercles extrémistes religieux qui menacent de mettre un terme à sa vie. Sa famille n’est pas épargnée. Elle reçoit tous les jours des menaces de mort . Ses enfants pour des raisons sécuritaires ont suspendu leurs études sur recommandations de leurs enseignants. Serigne Modou voit restreindre sa liberté de mouvement. Il fait appel à de gros bras pour assurer sa sécurité et celle de sa famille. Depuis deux ans, Serigne Modou traverse des épreuves épreuves extrêmement dures et pénibles. Sa famille, idem. Un soi-transmis du procureur est adressée à la gendarmerie concernant cette affaire. L’exil reste l’unique alternative. Il y est contraint dans un pays certes stable, où la paix sociale n’est pas menacée. Mais où s’attaquer à certains relèvent d’un suicide. Pour les avocats de Serigne Modou Gueye, la seule option pour leur client est de chercher un statut de réfugié.