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Thiès : Le canal inachevé de Nguinth, une “bombe écologique”

Le canal d’évacuation d’eaux  pluviales du quartier Nguinth de la ville de Thiès, transformé en dépotoir d’ordures depuis l’arrêt des travaux lancés il y a deux ans, est devenu la hantise des riverains, avec son lot de dégradations sur l’environnement.

Cet ouvrage inachevé expose les populations vivant dans les alentours, à des risques divers,  depuis que l’entreprise en charge du chantier a cessé les travaux.

‘’À cause de ce canal, nous vivons une situation compliquée, du point vue sécuritaire comme sanitaire’’, déplore Ibrahima Bar, un riverain, la  cinquantaine révolue.

Tapissé  de bout en bout d’herbes, et jalonné d’ arbustes dont du jatropha, ce chenal est  fréquenté par de petits ruminants du quartier et des boeufs  qui viennent  d’autres parties de ville, pour paître dans ce coin de verdure.

‘’Quand ils ont  lancé les travaux de ce canal, nous nous sommes réjouis, car nous avons pensé qu’il allait nous soulager des eaux de pluie’’, note Ibrahima Barr.

Il regrette le spectacle ‘’ indescriptible” qu’offre le canal, rempli  d’eau en  continu, en hivernage comme en saison sèche.

Cette eau gorgée de poissons, attire des enfants qui viennent les pêcher, avec des cas noyade observés récemment.

Ibrahima Barr raconte avoir lui-même réussi à sauver un enfant tombé dans l’eau.

Alors qu’un groupe d’élèves  s’était massé devant le canal pour regarder les poissons frétiller, l’un d’eux y avait poussé son camarade.

‘’Quand j’ai été alerté, sans réfléchir, je me suis jeté à l’eau, pour secourir le gamin, qui était presque englouti par les eaux”, raconte-t-il.

“Il a fallu que l’on me tende  une perche, afin que je m’y agrippe, en portant l’enfant dans l’autre bras, pour le sortir’’.

Le quinquagénaire évoque un problème de sécurité pour les enfants qui,  “24 heures sur 24,  […] sont ĺà en train de pêcher’’.

Alors que l’hivernage approche, il alerte les autorités sur les risques de débordement du canal, auxquels s’ajoutent la prolifération de moustiques et de reptiles  qui envahissent les maisons”.

En outre, le canal favorise la recharge permanente de la nappe phréatique et le remplissage des fosses sceptiques du quartier qui sont  “tout le temps pleines”.

‘’Tu vides ta fosse, trois jours après, elle se remplit à nouveau à cause de la nappe qui affleure dans cette zone, or le vidange est facturé à 30.000 francs”, se plaint-il, impuissant face à cette situation qui, visiblement, le dépasse.

‘’S’ils ne peuvent terminer les travaux, ils doivent au moins, venir ouvrir un passage pour que l’eau continue son trajet”, suggère ce résident qui se soucie surtout du bien-être des enfants, plus exposés que tous.

‘’S’il pleut, toutes nos maisons seront remplies d’eau, à cause de  ce canal”,  prévient Momar  Sy, qui habite aussi près de l’ouvrage  inachevé.

Une véritable bombe écologique

Le site est logé au fond d’une cuvette, d’où certains habitants ont été délocalisés au début des travaux, explique Momar Sy. Il rappelle  que ceux qui sont restés avaient reçu des assurances  de la part des autorités, leur indiquant qu’ils n’étaient pas concernés par le déplacement. Et promesse leur avait été faite qu’une fois les travaux terminés, ils n’auraient plus de problème.

“Actuellement, nous qui sommes restés,  nous souffrons vraiment”, témoigne Momar Sy.

Disant ignorer à quand la reprise et l’achèvement des travaux, il a dénoncé leur arrêt qui, selon lui, a accentué les difficultés que rencontre le quartier.

Transformé en dépotoir sauvage d’ordures ménagères, de pneus et autres objets usés, dont du plastique, le canal de Nguinth  constitue une véritable bombe écologique.

Le canal qui reste humide pendant toute l’année, dégage une odeur nauséeuse  qui pollue l’air dans tout le quartier.

Un handicap qui, pourtant, pourrait, avec un peu d’imagination, être transformé en atout, en aménageant cet espace situé à la périphérie de la commune de Thiès nord,  pour en faire un site d’attraction, avec une lagune artificielle.

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