Actualités

Un combat politique n’excuse pas l’outrage

 

L’affaire Moustapha Diakhate remet au goût du jour un vieux débat que certains voudraient clore trop vite : celui de la dépénalisation du délit d’offense au chef de l’État. En qualifiant le Président de la République de gougnafier “», l’ancien député a franchi la ligne qu’aucune démocratie digne de ce nom ne saurait banaliser. Et pourtant, à peine interpellé, Moustapha Diakhaté crie au procès politique, s’érige en martyr de la liberté d’expression et appelle à la suppression d’un dispositif légal pourtant bien établi.

Or, l’article 254 du Code pénal sénégalais est sans ambiguïté : ll réprime toute offense commise publiquement à l’encontre du chef de l’Etat. Ce n’est pas une invention d’un régime au l’instrumentalisation d’un appareillé d’État ; c’est une norme de protection institutionnelle comparable à ce qui se fait dans d’autres démocraties soucieuses de préserver le respect di aux fonctions suprêmes.

Moustapha Diakhaté n’en est pas à son premier écart. Son passé récent atteste l’une propension inquiétante à substituer l’invective à l’argument, l’insulte à la Contradiction. Il avait déjà été condamné à une peine d’emprisonnement pour des propos similaires. Il récidive aujourd’hui, en toute connaissance de cause, dans un mépris manifeste pour l’autorité de l’État et pour l’éthique du débat public. Et ce serait cela qu’il faudrait défendre au nom de la liberté d’expression ? Certainement pas.

Il faut être clair : critiquer un pouvoir, c’est salutaire. Combattre une politique, c’est légitime. Mais traiter publiquement le Président de la République – qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas – de tous les noms d’oiseaux ne relève pas de la liberté, mais de l’outrage. Et l’outrage, surtout envers la plus haute autorité de l’État, n’a rien à voir avec un quelconque combat politique. Ce n’est ni un acte de courage, ni un geste militant : c’est une dérive qui affaiblit le civisme, insulte nos institutions, et pollue l’espace public.

Ceux qui réclament la dépénalisation de ce délit devraient se poser une seule question : peut-on construire une démocratie forte en encourageant l’effacement du respect républicain ? Car respecter une fonction, ce n’est pas courber l’échine devant un homme. C’est protéger l’idée même de l’État. C’est rappeler que la critique, pour être entendue, n’a nul besoin de l’injure. C’est comprendre que l’insulte n’élève jamais le débat : elle l’écrase

Le Sénégal ne gagnera rien à ériger l’outrage en mode d’expression. Ce qu’il nous faut, ce n’est pas moins de responsabilité dans la parole publique, mais davantage. Ce qu’il nous faut, ce ne sont pas des provocateurs médiatiques recyclés en victimes politiques, mais des citoyens debout, capables d’argumenter sans humilier, d’opposer sans Insulter, de s’engager sans salir. La liberté d’expression, oui. L’irrespect institutionnalisé, non.

Hady Traoré Expert conseil-Canada

Yoor-yoor

Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page